AUBERVILLIERS 2017 : S'AFFRANCHIR DES À PRIORI

Le déclic de départ : un groupe street art facebook, dans lequel étaient reproduites des fresques murales sises au fort d'Aubervilliers. De toute splendeur. De quoi me donner sérieusement envie de partir en chasse. Les œuvres susmentionnées sont inratables : elles se déclinent sur de larges panneaux au verso des stations de bus, tout juste à la sortie du métro. Pour peu qu'elles s'y trouvent encore. Impossible de me contenter de ce superbe, quoiqu'un peu maigre, bouquet. Je m'aventurai donc, plus ou moins au hasard, dans les rues d'Aubervilliers. Pour être honnête, je n'en menais pas large. Autour de moi, d'écrasants blocs de béton. Dans les rues, de nombreux groupes de jeunes en sweet à capuche. Le décor semble approprié pour un remake de "La Haine". Et voici que je débarque avec mon chapeau c&a, mes lunettes et mon appareil photo. Tout semble me désigner comme le bobo que je ne suis pas. En d'autres termes un "voyeur", qui vient ici s'encanailler. Je me remets en tête l'un de mes principes premiers : ne jamais juger les gens ni sur leur dégaine ni sur leur environnement. Grand bien m'en prend. À intervalles réguliers, me voyant arpenter les rues en jetant un œil dans toutes les directions, des personnes ou des groupes d'individus viennent me voir, me demandant si je cherche quelque chose. Là, je me heurte à un léger problème de langage, auquel j'avais précédemment été confronté près d'Arcueil. Les mots "graph" ou "street art" n'évoquent pas grand chose ici. Je tente "graffiti" ou "tag" parfois, mais le plus sûr pour se faire comprendre, c'est d'user de périphrases, du type "ce qu'il y a sur les murs" ou "les œuvres sur les murs". Dès que l'on saisit ma démarche, les visages s'éclairent, on me remercie quelquefois. On m'indique quelques endroits. Un jeune regarde les photos que j'ai prises, me demande d'effacer -ce que je fais- une image sur laquelle il figure par erreur, continue de scruter ma moisson du jour et finit par déclarer "vous faites de belles photos monsieur". Comme disait Rohff, ça fait zizir. Une chose est sûre, je reviendrais à Aubervilliers, pour une exploration plus systématique. Car il s'y trouve des œuvres street art passionnantes, d'une belle inventivité, et que je suis conscient de n'en avoir pas encore fait le tour.