Dans toute ville où l'eau ponctue l'espace, lorsque des quais arborent leur sourire de pierre, l'homo graphicus arpente la lumière pour y laisser sa trace. L'élément liquide accouplé à la mélancolie urbaine exerce sur l'artiste un effet d’irrésistible aimantation. S'il le pouvait, il tracerait ses images ses mots à même les ondulations du courant. Dans les contradictions de l'air. Les berges sont comme des cabanes d'enfants libres où l'on se sent à l'abri. Où l'on peut créer sans contraintes. Bruxelles n'échappe pas à cette règle d'or et le street art souvent s'invite sur les quais plus souvent qu'à son tour. Et l'œil parfois y traîne ses miroirs pour capter l'irruption de sa beauté convulsive.
De l'aller au retour, partout sur le chemin, car le graph épouse davantage le rythme des pas que celui des trams ou des bus , tentacules de pieuvre qui capturent le ciel, les devantures de magasins dont le rideau s'habille de formes et de couleur. L'eau, les quais, les rues de Bruxelles finissent par instants par ne former qu'un tout, un animal mythique dont mon appareil tente de deviner la forme et les contours, qui s'évade dans le multiple, piège dans l'éternel le feu de l'éphémère.