WOMEN AND KIDS : LA POÉSIE MÈNE À TOUT … (PARIS 14, 2017)

La poésie mène à tout, y compris à l'art urbain. Si Catherine Poulain n'avait écrit des vers et ne les avait déclamés lors des sessions du Cénacle du Cygne, à la Cantada, auxquelles votre serviteur participe également, je n'aurais par conséquent croisé que par hasard les fresques de KTY, son Mr Hyde Street Artist. Et serais sans doute passé à côté d'un superbe moment de street art : la manifestation "Women and kids". Le principe : des femmes pratiquant le street art de haut vol initiant de jeunes enfants à leur pratique du graph pour revivifier la façade d'une école porte de Vanves. À l'œuvre : KTY, Anne-Laure Maison, Kristine Kristx Emeriat, Patricia Benech-Le Roux, Lika Kato et Zabou. Un tracklisting qui pour les connaisseurs (ses) donne déjà matière à rêver, en même temps qu'un bel inventaire de la diversité des techniques. Collage, bombe, pochoir.

J'arrive le samedi, en plein "work in progress". Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais quant à moi j'ai toujours adoré assister à la phase préliminaire d'une œuvre, lorsqu'elle se construit sous vos yeux. Et la première session (il y en aura une autre le lendemain) laisse entrevoir l'émergence d'œuvres renversantes. Mais ce qui rend vraiment magique cette escapade porte de Vanves, ce sont tous ses à côtés. Ces enfants hyperconcentrés (ce qui ne les empêche guère de pépier dans tous les sens, le visage masqué pour se protéger des odeurs délétères, ces échelles dressées comme autrefois pour repeindre le plafond de la Sixtine. Et bien sûr les imprévus : ce kid qui s'essaiera au maniement de la bombe et finira par y renoncer après un gros pâté, ces gamins qui refusent de grapher là où on le leur dit, tracent d'immenses pigeons à la craie sur le mur d'en face, voire les arbres et qui, se prenant au jeu inonderont le quartier de leur griffe, comme j'ai pu le constater par la suite.

Retour sur les lieux mercredi. Tout est calme et je prends une véritable claque. Les œuvres achevées sont plusieurs crans au dessus de ce que leur ébauche me donnait à rêver. En fait, un moment de pure poésie.